Sturmabteilung (SA) et Schutzstaffel (SS)

Sturmabteilung : la SA

La Sturmabteilung ou SA (mot allemand pour « Section d'assaut », mais le mot Sturm signifie aussi « orage » et « tempête ») formait une organisation paramilitaire du NSDAP (le parti nazi). Elles jouèrent un rôle important dans l'accès au pouvoir d'Adolf Hitler dans les années 1930. Les SA sont souvent appelés « chemises brunes » en raison de la couleur de l'uniforme qu'ils portent à partir de 1925.

Le terme Sturmabteilung vient des troupes d'assaut spéciales utilisées par l'Allemagne lors de l'offensive de mars 1918. Remplaçant de grands groupes d'armées, les SA étaient organisées en petites équipes de quelques soldats. Elles permirent aux Allemands de repousser les troupes britanniques et françaises de plusieurs dizaines de kilomètres.


Hitler a créé les SA à Munich en 1921 en réunissant d'anciens combattants, des officiers mécontents et des membres des corps francs, issus le plus souvent de mouvements proches des courants socialistes, non marxistes, sous l'autorité d'Ernst Röhm. Elles faisaient office de service d'ordre lors des rassemblements du parti nazi, puis prirent une importance de plus en plus grande dans l'organisation du pouvoir. Les SA furent à l'origine de nombreux actes de violences dans les années 1920, principalement lors de combats de rues avec des groupes communistes comme le Rote Frontkämpferbund (l'Union de défense du parti communiste allemand), et furent interdites à l'issue de la tentative de putsch de Hitler le 9 novembre 1923.

L'organisation fut de nouveau autorisée en 1926 et joua un rôle grandissant. En 1933, après l'élection du  N.S.D.A.P, les SA se considérèrent comme les remplaçants de l'armée régulière allemande (Reichswehr), puisque convaincu d'être les artisans de la révolution national-socialiste. Certaines tensions apparurent ainsi entre Röhm et Hitler, entre l'homme d'État et le chef d'une bande de fidèles à l'esprit révolutionnaire.

Afin de faire taire les esprits réactionnaires de l'armée allemande et de rétablir l'ordre au sein du parti, Hitler, poussé par certains hauts dignitaires dont Heinrich Himmler, le Reichführer SS, et les milieux hostiles à une seconde révolution prônée par Röhm accepte de purger la SA en faisant arrêter, lors de la Nuit des longs couteaux, les principaux dirigeants de la SA dont Röhm. Celui-ci est finalement abattu dans sa cellule. Après cet épisode, la SA n'a plus joué qu'un rôle marginal dans les affaires du Reich, s'illustrant néanmoins lors de la Nuit de Cristal en participant aux pogroms. A partir de 1934 c'est Viktor Lutze qui dirige la SA "diminuée" jusqu'à sa mort en 1943; Wilhelm Scheppmann prit sa succession jusqu'à la fin de la guerre et la dissolution de la SA, en 1945.

L'hymne officiel des SA était le Horst-Wessel-Lied, qui est ensuite devenu l'hymne du parti. Ce chant faisait référence, comme son nom l'indique, au jeune militant Horst Wessel élevé au rang de martyr après son assassinat en 1930.

Schutzstaffel : la SS

La Schutzstaffel, de l'allemand « escadron de protection » ou la SS est une des principales organisations du régime nazi.
Fondée en 1925, initialement chargée de la protection rapprochée du Führer, Adolf Hitler, la SS devient, au fil des années, un véritable État dans l'État, accumulant les compétences et les missions et passant d'un groupuscule à une énorme organisation. Elle joue un rôle politique au travers de l'Allgemeine SS (SS générale), répressif avec le RSHA, l'Ordnungspolizei et les camps de concentration, idéologique et racial via le Lebensborn et l'Ahnenerbe et militaire après la création de la Waffen-SS. Elle est aussi l'organisatrice et l'exécutante de la destruction des Juifs d'Europe, que cela soit lors des opérations mobiles de tuerie perpétrées en Pologne et en Union soviétique par les Einsatzgruppen, puis par la mise en place des camps d'extermination.

Entièrement dévouée au Führer, elle est dirigée, pendant la quasi totalité de son existence par Heinrich Himmler. Traversée par de profondes rivalités internes, en conflit permanent avec d'autres organismes (notamment l'armée) ou diverses personnalités du troisième Reich, dotée d'une organisation complexe, mouvante accumulant les doubles-emplois et les contradictions, elle n'en est pas moins l'un des instruments les plus efficaces et les plus meurtriers de la terreur nazie. Lors du procès de Nuremberg, elle est déclarée organisation criminelle.

La naissance de la SS

Les débuts de la SS sont particulièrement ordinaires et rien ne la distingue à sa naissance de la myriade de groupuscules nationalistes, pangermanistes et völkisch qui agitent la république de Weimar au début des années 1920.

En mars 1923, Adolf Hitler, président du NSDAP depuis 1921, s'entoure d'une première garde rapprochée, la Stabswache (corps de garde), composée de huit militants de la première heure, dont Rudolf Hess. Après à peine deux mois d'existence et suite à des conflits internes et au départ d'une partie de ses membres, la Stabswache disparaît pour renaître immédiatement sous le nom de Stosstrupp Hitler (peloton de choc Hitler), qui ne comporte toujours qu'une poignée de membres.



En 1925, après l'échec du putsch de la brasserie et l'interdiction du parti nazi, de la SA et de toutes leurs composantes qui suit cette tentative avortée de coup d'Etat, Hitler confie à son chauffeur, Julius Schreck, ancien membre de la Stosstrupp, la création d'une nouvelle garde personnelle, sous la dénomination de Schutzstaffel : la SS est née.

Ne comportant à ce moment que quelques membres, la SS s'étend à partir du 21 septembre 1925, date à laquelle ordre est donné à chaque section du parti nazi de mettre sur pied une escouade de protection de dix hommes, sauf à Berlin où le nombre maximum est porté à vingt membres. En avril 1926, Joseph Berchtold, ancien papetier et ancien commandant de la Stosstrupp revient d'Autriche, où il s'était réfugié après la tentative de putsch et prend le commandement de la SS. Le rôle de celle-ci est reconnu par le Führer le 4 juillet 1926, lorsqu'il lui remet solennellement le Blutfahne (drapeau de sang), l'emblème des putschistes de 1923.

Pendant toutes ses années, la SS est en conflit ouvert avec la SA, créée par Ernst Röhm, qui comporte plusieurs milliers de membres et se veut la seule troupe de choc du parti : en 1928, la SS est limitée à 280 hommes et est strictement subordonnée à la SA qui essaie de la cantonner dans des rôles subalternes. En mars 1927, Berchtold démissionne ; il est remplacé par Ehrard Heiden, dont le rôle est également éphémère. Le 6 janvier 1929, Hitler nomme un nouveau Reichsführer SS : Heinrich Himmler.

La montée en puissance

Le 30 janvier 1933, Hitler accède au pouvoir et est nommé chancelier. La SS compte à ce moment 52 000 membres contre trois millions pour la SA.

Alors que la terreur de rue des SA n'a plus de raison d'être après la prise du pouvoir, que le nouveau chancelier doit concilier l'appui des milieux conservateurs, de l'armée et des industriels, la violence de la SA se déchaîne à travers toute l'Allemagne, notamment avec la création sauvage, en mars 1933, du camp de concentration d'Oranienburg, ou les exactions commises dans le quartier berlinois de Köpenick.

En matière de répression des opposants, la SS n'est pas en reste et les fiches du SD se révèlent fort efficaces : elle servent notamment à peupler le camp de Dachau, fondé par la police bavaroise en mars 1933, mais dont la responsabilité est transférée, le 2 avril 1933, à la SS par Himmler, devenu commandant de la police politique bavaroise. Fin juin 1933, Theodor Eicke, futur inspecteur général des camps est nommé commandant de Dachau, ce qui marque le début de l'organisation du système concentrationnaire nazi.

En 1933 et 1934, la SA accumule les démonstrations de force, les défilés de masse qui rassemblent jusqu'à 80.000 participants à Breslau ; elle multiplie aussi ses exigences afin de disposer de postes de responsabilités au sein du régime nazi, continue à proclamer que la révolution n'a pas encore commencé et entre en conflit ouvert avec la Reichswehr qu'elle entend remplacer par une armée populaire.

Pendant ce temps, la SS noue de précieux contacts avec des industriels, des officiers, des scientifiques et intellectuels, de grands propriétaires terriens, au sein du Cercle des amis du Reichsführer SS. Elle reste fidèle à Adolf Hitler et donne des gages de respectabilité. Fin 1933, ce dernier donne à sa garde personnelle le titre officiel de Leibstandarte S.S. Adolf Hitler.

La fin de la tutelle de la SA

En 1934, Heinrich Himmler et son adjoint direct Reinhard Heydrich sont, avec Hermann Göring, les artisans de la nuit des Longs Couteaux qui débouche sur l'élimination de la SA en tant que force politique et qui permet à la SS de dépendre directement du Führer.

Avec plus de quatre millions de membres, totalement dévouée à son chef, Ernst Röhm, la SA exige des réformes sociales et économiques, effrayant les milieux d'affaires et les partis conservateurs traditionnels ; sa volonté de prendre le contrôle de l'armée suscite l'opposition des dirigeants militaires dont Hitler a un pressant besoin.

Après avoir inventé de toutes pièces un complot de Röhm visant à prendre le pouvoir et reçu l'approbation de Hitler, les 30 juin et 1er juillet 1934, les membres de la SS décapitent la SA.

L'épuration fait une centaine de victimes dont Röhm lui-même (assassiné par Theodor Eicke, futur inspecteur des camps de concentration puis commandant de la 3e Panzerdivision SS Totenkopf). Une partie des exécutions a lieu dans la cour de la prison de Stadelheim, à Munich, le peloton d'exécution étant commandé par Sepp Dietrich. La SS élimine ainsi une organisation rivale dont elle dépendait encore formellement.



L’Allgemeine SS

Pour reprendre les termes de George H. Stein, les membres de l'Allgemeine SS, soit 250 000 hommes en 1939, « n'avaient aucune obligation spécifique à remplir hormis celle de demeurer en état d'alerte permanent comme pendant la lutte pour le pouvoir ». De nombreux membres de l'Allgemeine SS sont affectés à la garde des camps de concentration ; dotés nominalement d'un grade dans la Waffen SS, ils servent dans les Totenkopf-Wachtsturmbanne, placés sous l'autorité directe des commandants des camps, puis rattachés à l'Amt B du WHA à partir du 3 mars 1942



Le RSHA












Le RSHA ou Reichssicherheitshauptamt ( « Office central de la sécurité du Reich ») était une organisation créée par le Reichsführer-SS Heinrich Himmler le 22 septembre 1939 par la fusion du SD, de la Gestapo et de la Kriminalpolizei pour neutraliser les « ennemis du Reich » et, en particulier, les « indésirables ».

Son premier chef fut le SS-Obergruppenführer Reinhard Heydrich jusqu’à son assassinat le 4 juin 1942, puis le SS-Gruppenführer Ernst Kaltenbrunner jusqu’à la fin de la guerre.

La Waffen-SS

La Waffen SS est la composante militaire de la SS. Dès la prise du pouvoir par les nazis, celle-ci se dote de commandos armés, les Politische Bereitschaften, dont la mission est de pourchasser les opposants. Après la nuit des Longs Couteaux, ces commandos sont regroupés en une seule unité, la Verfügungstruppe (VT), malgré les réticences de la Reichswehr.



La VT est élevée au rang de division (la future 2e panzerdivision SS Das Reich), par un décret d’Adolf Hitler en 1938. La VT et les unités Totenkopf, formées des gardiens de camps de concentration, participent à la campagne de Pologne. Elle s’y signalent par leur brutalité, dénoncée par le général de la Wehrmacht, Johannes Blaskowitz. La Waffen SS prend ensuite part à la campagne de France, avec trois divisions et demi. Si ces divisions ont l’avantage d’être entièrement motorisées, elles ne jouent aucun rôle décisif.

En 1941, cinq divisions de la Waffen SS sont engagées dans l’opération Barbarossa. Dotée de divisions blindées à partir de 1942, la Waffen SS acquiert une redoutable réputation de combativité et de férocité sur le front de l’Est, surtout à partir de 1943. « Pendant les deux dernières années du conflit, les divisions [blindées] de la Waffen SS ralentirent fréquemment et arrêtèrent souvent d'une façon temporaire l'avance inexorable des Soviétiques ».



La Waffen SS constitue l’ossature de la défense allemande lors de la bataille de Normandie et le fer de lance de l’offensive allemande lors de la bataille des Ardennes. Elle fait partie du dernier carré des défenseurs du régime nazi lors de la bataille de Berlin.

À la fin du conflit, la Waffen SS comporte 38 divisions et près de 900 000 hommes, de qualité fort variable et aux origines les plus diverses, des Volksdeutschen (personnes d’origine allemande ou germanique habitant hors du Reich) aux volontaires français ou belges, des Baltes aux musulmans bosniaques. A cette époque, la Waffen-SS des origines, avec ses critères de recrutement physiques, raciaux et idéologiques particulièrement stricts et son entraînement exigeant et éprouvant, n’est plus qu’un lointain souvenir.



Tout au long de son périple, la Waffen SS se singularise par le nombre des exactions et des tueries dont nombre de ses unités sont responsables. Ses crimes de guerre sont légion, de l’assassinat de prisonniers lors de la campagne de France en 1940 et lors de la bataille des Ardennes, du meurtre de 14 000 civils en Ukraine en 1941 à ceux commis en Italie ou en France en 1944.

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