L'éruption du Mont St Helens

Le Mont Saint Helens est un stratovolcan actif situé dans le comté de Skamania dans l'État de Washington dans la région pacifique, au Nord-Ouest des États-Unis. Il se situe à 154 kilomètres au sud de la ville de Seattle et à 85 kilomètres au nord-est de la ville de Portland. Le mont Saint Helens tire son nom d'un diplomate anglais portant le titre de Lord St Helens. Ce diplomate était un ami de l'explorateur George Vancouver qui fit une exploration de la zone à la fin du XVIIIe siècle. Le volcan, bien connu pour ses explosions relâchant des cendres volcaniques et des nuées ardentes, fait partie de la chaîne des Cascades et de l'arc volcanique des Cascades qui est un tronçon de la ceinture de feu du Pacifique comportant environ 160 volcans actifs.





Les prémices
Le 16 mars 1980, plusieurs petits tremblements de terre révèlent de possibles mouvements de magma.
Le 20 mars, un tremblement de terre superficiel de magnitude 4,2 sur l’échelle de Richter, dont l’épicentre se trouve sous le flanc nord de la montagne, confirme que le volcan est bien en train de se réveiller après un sommeil de 123 ans.

Une série de secousses de plus en plus violentes sature les sismographes de la région. La phase de secousses la plus intense débute le 25 mars à la mi-journée.
Des secousses chaque fois un peu plus violentes, de magnitude 3,2 et plus, se produisent au cours des mois d’avril et de mai. Cinq tremblements de terre de magnitude 4 et plus sont enregistrés chaque jour au début avril, et huit par jour au cours de la semaine précédant le 18 mai. Les observations ne montrent aucun signe direct d’une éruption prochaine, mais ces petits tremblements de terre déclenchent des avalanches de neige et de glace.


Le 27 mars une, peut-être deux éruptions phréatiques simultanées provoquent l’expulsion de débris de roche du cratère principal, créant un nouveau cratère de 76 m de profondeur et une colonne de cendres s’élève à 18 000 m. Le même jour, une fracture orientée vers l’est s’ouvre dans la zone du sommet du volcan. Ce phénomène est suivi d’une nouvelle série de tremblements de terre et d’explosions de vapeur d’eau. La majeure partie des cendres retombe dans un rayon de 5 à 19 km, mais certaines retombées sont observées au sud de Bend (Oregon) et à l’est de Spokane (Washington), respectivement à 240 et 460 km de leur point de départ.


Un second cratère est observé le 29 mars. Une grande flamme bleue (probablement des gaz en combustion) jaillit des deux cratères. Des vibrations harmoniques inquiètent les géologues et poussent le gouverneur à déclarer l’état d’urgence. Les deux cratères se rejoignent le 8 avril pour n’en former qu’un de 520 m sur 260 m. Au fur et à mesure de son déplacement vers le nord, le sommet de la montagne commence à s’effondrer.
Le 30 avril, les géologues annoncent que le déplacement de la bosse constitue le plus grand danger immédiat, et qu’un tel glissement de terrain pourrait provoquer une éruption.  Ce gonflement correspond sans doute au volume de magma qui exerce une pression sur la surface et provoque sa déformation. Le magma infiltré dans la croûte terrestre reste sous la surface et n'est donc pas directement visible.

Le 7 mai, des éruptions similaires à celles observés en mars et avril se produisent. Dans les jours suivants, la déformation s'accroît dans des proportions gigantesques. Cependant, l'activité reste confinée sous le sommet vieux de 350 ans et ne provoque pas de jaillissement de magma. Au total, environ 10 000 tremblements de terre sont enregistrés avant les évènements du 18 mai. La plupart d'entre eux ont leur épicentre dans un petit périmètre de 2,6 km.



Les éruptions directement visibles s'arrêtent cependant le 16 mai. L'intérêt du public retombe et des spectateurs quittent la zone. Le 17 mai, sous la pression grandissante de la population, les autorités permettent à un nombre limité de résidents de pénétrer dans la zone dangereuse pour sauver tout ce qu'ils peuvent emporter. Un nouveau voyage est programmé pour 10 heures le lendemain. À l'apogée de l'éruption, on estime que 0,11 km3 de magma dacitique s'est introduit dans le volcan. La montée du magma provoque une élévation de 150 m du flanc nord du volcan et augmente la température de son système hydrogéologique ce qui provoque des explosions de vapeur d'eau (éruptions phréatiques).



Effondrement du flanc nord

À 7 heures, le 18 mai, le volcanologue de l’USGS David A. Johnston, en permanence de nuit sur un poste d’observation à près de 10 km au nord du mont, transmet par radio les résultats de mesures laser qu'il vient de réaliser.
À 8 h 32, sans crier gare, un tremblement de terre de magnitude 5,1 fait s'effondrer, environ 10 secondes après, la face nord de la montagne. C'est l'un des plus grands glissements de terrain connus de l'histoire.  L'eau du lac Spirit, temporairement déplacée par le glissement de terrain, génère une vague de 180 m de haut qui va s'écraser contre la crête au nord du lac et ajoute 90 m de gravats à l’ancien lit du lac, élevant sa surface de près de 60 m. Quand l'eau revient dans son bassin, elle charrie des milliers d'arbres abattus par la coulée pyroclastique qui est passée quelques secondes avant l'éboulement.



La colonne de cendres

Alors que l’avalanche et la nuée ardente initiale avancent toujours, une énorme colonne de cendres s’élève en moins de dix minutes jusqu’à une altitude de 19 km au-dessus du cratère et rejette des éjecta dans la stratosphère pendant 10 heures de suite. À proximité du volcan, les cendres en suspension dans l’atmosphère causent des décharges de foudre qui déclenchent de nombreux feux de forêt.
Pendant ce temps, une partie du nuage de cendres — qui a pris la forme d’un champignon — retombe, augmentant encore les coulées pyroclastiques sur les flancs du mont Saint Helens. Plus tard, d’autres coulées, plus lentes, s’écoulent directement depuis le cratère, composées de bombes volcaniques de pierre ponce et de cendres très chaudes. Certaines de ces coulées couvrent des étendues d’eau ou de glaces qui s’évaporent, créant ainsi des cratères d’un diamètre allant jusqu’à 20 m et envoyant des cendres à 2 000 m au-dessus du sol.

Des vents forts de haute altitude transportent une masse de cendres volcaniques selon une direction nord-nord-est, à une vitesse moyenne de 100 km/h. À 9 h 45, elles ont atteint Yakima, distante de 150 km, et à 11 h 45, elles survolent la ville de Spokane. Une épaisseur totale de 10 à 13 cm de cendres tombent sur Yakima et des zones, aussi éloignées à l’est, que Spokane sont plongées dans l’obscurité à midi : la visibilité est réduite à 3 m. Quelques heures après l'éruption, la ville d'Ephrata, située au nord-est du volcan à plus de 200 km du cratère, vit un crépuscule insolite : l'horizon devient tout rose et dans le ciel de lourdes nuées de cendres grisâtres laissent filtrer une lumière irréelle. Continuant vers l'est, les cendres du mont Saint Helens atteignent l’ouest du parc national de Yellowstone vers 22 h 15 puis Denver le lendemain. À terme, les cendres se propageront jusque dans le Minnesota et l’Oklahoma, et une partie parcourra le globe dans les deux semaines qui suivirent.

Pendant les 9 heures d’activité éruptive intense, environ 540 millions de tonnes de cendres sont déversées sur plus de 60 000 km2. Le volume total des cendres avant qu’elles ne soient compactées par la pluie est de 1,3 km3. Le 18 mai vers 17 h 30, la colonne de cendres s'affaiblit, bien que des éjections moins violentes continuent dans la nuit et les jours qui suivront.

Les coulées de boue
De la matière chaude et explosive sortant du volcan se disloque pour se mélanger avec la neige recouvrant les glaciers environnants. Comme dans la plupart des éruptions précédentes du mont Saint Helens, ceci entraîne la formation d'énormes lahars (coulées de boue volcanique) et de torrents de boue qui affectent trois des quatre réseaux hydrologiques de la montagne. Les lahars descendent à plus de 145 km/h depuis le haut du volcan.

Le bilan

L'éruption volcanique du 18 mai 1980 fut la plus destructrice de l'histoire des États-Unis, aussi bien humainement qu'économiquement. Cinquante-sept personnes trouvèrent la mort et 200 habitations, 47 ponts, 24 km de chemin de fer et 300 km de routes furent détruits. Le président américain Jimmy Carter vint reconnaître les dommages et déclara que le paysage paraissait plus désolé que la surface de la lune. Une équipe de cinéma fut déposée en hélicoptère sur le mont Saint Helens le 23 mai pour tourner un documentaire sur la destruction. Cependant, leurs boussoles ne cessaient de tourner et ils se perdirent rapidement. Une seconde éruption eut lieu le lendemain, mais l'équipe survécut et fut secourue deux jours après.

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