La Bataille de Stalingrad

La bataille de Stalingrad a été un tournant majeur dans la Seconde Guerre mondiale de par sa signification et sa nature. Elle marque le début de la retraite ininterrompue de l'armée allemande en Europe de l’Est jusqu'à la défaite finale en 1945 avec la conquête de Berlin par l'Armée rouge. Elle est considérée comme une des batailles les plus sanglantes de l'Histoire et reste dans les mémoires pour l'intensité de ses combats urbains.

Si la défaite de l'armée allemande devant Moscou en décembre 1941 est le tournant géostratégique de la Seconde Guerre mondiale en Europe, la victoire soviétique de Stalingrad en février 1943 constitue le tournant psychologique. La bataille de Stalingrad, ville du sud de la Russie sur la Volga (appelée aujourd'hui Volgograd), a été marquée par la brutalité et le manque de prise en compte des pertes civiles.
Contrairement au « classique » siège, elle a principalement consisté en combats urbains menés par les Allemands et leurs alliés. La bataille inclut le siège allemand de la ville, la bataille à l'intérieur de la ville et la contre-offensive soviétique. Les combats durèrent de fin août 1942 à début février 1943 et firent entre 1 à 2 millions de morts (entre 4 500 et 9 000 morts par jour).



La capitulation du tout juste promu maréchal Paulus et des troupes allemandes le 2 février 1943 devant les forces soviétiques est considérée comme le « début de la fin » des forces de l'Axe, qui y perdirent un quart de leurs armées ainsi que l'initiative sur le front de l'Est.


Stalingrad : verrou sur la route du Caucase et ville symbole

Le 22 juin 1941, l'Allemagne et ses alliés de l'Axe envahissent l'Union soviétique, avançant rapidement et profondément dans le territoire ennemi. Après avoir beaucoup souffert pendant l'été et l'automne 1941, les forces soviétiques contre-attaquent lors de la bataille de Moscou en décembre 1941. Les forces allemandes épuisées, mal équipées pour une guerre hivernale et avec des ravitaillements poussés au maximum de leurs capacités, sont arrêtées sinon repoussées dans leur avancée vers la capitale.



Les Allemands stabilisent leur avancée au printemps 1942. Des plans pour lancer une autre offensive contre Moscou sont rejetés, car les troupes ont été fortement affaiblies. La philosophie militaire allemande voulant que dans l'espoir de gains rapides l'attaque se fasse là où cela est le moins prévisible, une attaque sur Moscou aurait été perçue comme trop évidente par certains, et notamment Adolf Hitler. Le Haut Commandement allemand sait alors que le temps joue contre eux, les États-Unis venant d'entrer en guerre après l'attaque sur Pearl Harbor par les Japonais. Hitler veut donc finir le combat sur le front de l'est avant que les États-Unis puissent s'impliquer plus avant dans la guerre en Europe.

Pour toutes ces raisons, de nouvelles offensives vers le nord et vers le sud sont envisagées. Une percée au sud sécuriserait le Caucase riche en pétrole, aussi bien que le fleuve Volga, une voie très importante de transport soviétique en Asie centrale. Une victoire allemande dans le sud de l'Union soviétique endommagerait sévèrement la machine de guerre de Staline ainsi que l'économie du pays, tout en permettant la capture des vastes champs agricoles de cette région.



Le nom de la ville faisant référence au dirigeant soviétique, elle revêt un intérêt symbolique tout particulier pour les deux camps : sa capture serait, pour la propagande nazie, une victoire que Staline ne peut se permettre d'accepter. Pour ralentir les Allemands, les Russes provoquèrent des incendies de forêts et détruisirent des barrages, appliquant la politique de la "terre brûlée". Mais le 12 juillet, le groupe d'armées B atteignit les abords de la ville. À partir du 13, une partie de la population fut évacuée et des groupes de partisans formés. Une quatrième ligne de défense fut construite le 15 juillet (la ville en comptait déjà trois) par plus de 180 000 civils.



Offensive allemande sur Stalingrad en 1942

Le 17 juillet, les LVIIe et LVIIIe armées soviétiques furent attaquées par la VIe armée de Paulus. Staline envoya des divisions vers Stalingrad commandées par deux de ses meilleurs généraux : Andrei Ieremenko et Alexandre Vassilievski, il leur associa le commissaire politique Nikita S. Khrouchtchev. Le 23 juillet, les troupes allemandes reçurent l'ordre d'attaquer la ville elle-même. Les bombardements massifs de la Wehrmacht détruisirent les voies de chemin de fer qu'empruntaient les trains de ravitaillement. En août, la VIe armée allemande et la IVe armée blindée (dirigée par von Bock) lancèrent une offensive contre Stalingrad, alors défendue par le général Tchouïkov. Le 5 septembre, les divisions de Paulus entrèrent dans les faubourgs de la ville, c'est alors que s'engagèrent les premiers combats de rue de Stalingrad.




En pilonnant la ville, les Allemands l'avait réduite à l'état de ruines, la transformant ainsi en une vaste forteresse que les Russes eurent tôt fait de connaître. Les Russes devinrent des experts dans l'art de tendre des embuscades (ils parvenaient même à dissimuler des chars entier, ce qui leur permettait de faire feu à courte portée sur les Allemands). La ville était truffée de Snaypersky russes (tireurs d'élite) qui semaient la terreur parmi les soldats allemands (ils craignaient d'être tués même dans leur bivouac). Les soldats allemands qui furent rappelés du front russe réutilisèrent ces techniques de défense de ruines en Italie en 1943-1944.


La progression allemande

Du 13 septembre au 18 novembre 1942, la VIe armée allemande, la VIIIe armée italienne du général Gariboldi et les IIIe et IVe armées roumaines des généraux Dumitrescu et Constantinescu attaquèrent la ville à maintes reprises. Le 21 septembre, 4 DI et 100 chars traversèrent la ville et atteignirent la Volga le 26. Le 28, de violents combats eurent lieu autour des usines Barricades et Octobre Rouge. Grâce à une contre-attaque soviétique, l'usine Barricade put continuer à produire ses chars d'assaut. Le 5 octobre, les Soviétiques réussirent à envoyer 200 000 soldats à Stalingrad, dont une division d'élite de la garde. Ce tour de force fut possible grâce à la flottille de la Volga et à l'aviation russe. Il s'en fallut de peu, car la LXIIe armée était sur le point de flancher.


Le 15 octobre, les Allemands prirent l'usine Barricade et une bande de 2,5 km sur la Volga. Le 11, ils prirent la partie sud de l'usine Octobre Rouge et une autre partie du fleuve. La LXIIe armée soviétique se retrouva alors coupées en trois morceaux, et les communications entre eux s'avérèrent très difficiles. À la mi-novembre, les premières glaces apparurent sur la Volga. À la fin du mois, la plus grande partie de la ville était aux mains des Allemands et les Russes se retrouvèrent coincés entre les canons allemands et les eaux glacées de la Volga. Malgré d'énormes pertes, les Russes réussirent à contenir les Allemands le temps que des renforts arrivent (de nouvelles divisions, des T-34, de la DCA et de l'artillerie). À la mi-novembre toujours, les Allemands atteignirent le fleuve, c'est alors que les Russes mirent au point une contre-offensive.


La contre-attaque soviétique

Le 12 novembre, les troupes roumaines chargées de protéger la route qu'empruntaient les camions de ravitaillement furent attaquées par deux DB de l'Armée rouge. Les troupes roumaines durent battre en retraite. Les 200 000 hommes de Paulus étaient maintenant coincés dans la ville sans possibilité de ravitaillement. Joukov organisa une contre-offensive en tenaille pour encercler les Allemands et, finalement, reprendre la ville. Cette opération fut baptisée "Uranus". Elle fut déclenchée le 19 novembre 1942 et devait se dérouler comme suit : les Soviétiques utiliseraient le front sud-ouest (groupe d'armées de Vatoutine), le front du Don (groupe d'armées du général Rokossovski) et le front de Stalingrad (groupe d'armées du général Ieremenko), soit 15 armées dont une blindée et une aérienne.


À Kremenskaïa (au nord-ouest de la ville), Rokossovski réussit à percer les lignes allemandes. Le lendemain, Ieremenko franchit la Volga à 10 km au sud de Stalingrad. La IIIe armée roumaine, la VIIIe armée italienne et la IIe armée hongroise furent anéanties par les troupes de Vatoutine à la hauteur de Serafimovitch. La contre-attaque du corps blindé H de la IVe armée blindée allemande fut repoussée à Kalatch. Ensuite, la IVe armée roumaine fut anéantie par Ieremenko, faisant 65 000 prisonniers. Les fronts soviétiques effectuèrent leur jonction à Kalatch le 23 novembre. Ce faisant, les Soviétiques venaient d'encercler la VIe armée de Paulus et un corps d'armée de la IVe armée de Panzers, soit 22 divisions et 160 unités autonomes, pour un total de plus de 300 000 hommes.


À ce stade de la bataille, les Allemands avaient encore une échappatoire, mais lorsque le Reichsmarschall Göring annonça qu'il pouvait fournir 500 tonnes de vivres et de munitions par jour aux assiégés, Hitler ordonna à Paulus de tenir ses positions. Avec 57 000 hommes et 130 chars, Paulus savait bien que cela lui était impossible. Il reçut alors un ordre personnel du Führer lui ordonnant de "vaincre sur place ou mourir". Le même jour, von Manstein se retrouva à la tête du groupe d'armées du Don.

Von Manstein fut chargé de porter secours aux troupes encerclées de Paulus. Pendant ce temps, la Luftwaffe ne fournissait que 300 tonnes de matériel par jour aux troupes allemandes. Göring avait encore une fois menti à Hitler. Du 12 au 23 décembre, l'opération "Wintergewitter" (en allemand "Orage d'hiver") fut lancée, celle-ci avait pour but de briser les lignes soviétiques au sud-ouest de la ville. Mais les Allemands furent arrêtés à 55 km de l'enclave. Du 24 au 30 décembre 1942 eut lieu l'opération russe "Petite Saturne" durant laquelle une contre-attaque eut lieu contre le groupe d'armées Hoth. Durant le mois de janvier, Stalingrad, mère de tous les enjeux, fut presque entièrement reprise par les Soviétiques.

La fin de la bataille

Une offensive fut lancée en direction de Rostov et von Manstein dut battre en retraite (pour protéger ses flancs) et abandonner sa tentative de dégagement de la VIe armée. Le groupe d'armées A dut se retirer du Caucase après avoir subit de lourde pertes. À ce moment de la bataille, la Luftwaffe ne pouvait plus parachuter que 20 à 50 tonnes de matériel et de vivres par jour. De plus, les soldats allemands n'avaient pas de vêtements adaptés à l'hiver russe. Ils étaient donc en train de geler, sans nourriture, matériels ni munitions. Les chevaux furent mangés et les rations de pains fixées à 100 grammes par jour, puis 60 grammes.

























Le 8 janvier 1943, Paulus refusa un ultimatum qui offrait une capitulation honorable. Le 24 janvier, après de lourdes pertes, il changea d'état d'esprit et demanda à Hitler l'autorisation de capituler.

Ce dernier la lui refusa. Le 25 janvier, les Allemands ne tenaient plus qu'une zone de 100 km² Le 26, une attaque de Rokossovski coupa la VIe armée en deux, soit un groupement sud (au centre de la ville) directement sous les ordres de Paulus et un groupement nord (dans le secteur de l'usine Barricade) sous les ordres du général Strecker. C'est alors que fut déclenché l'opération "Cercle".

Le 27 janvier, les Soviétiques commencèrent à nettoyer les poches de résistances allemandes qui se trouvaient alors dans l'incapacité de résister à un assaut en règle. Le 31 janvier, le groupement sud capitula. Le 2 février, Paulus (qui avait été capturé le 31 janvier) se rendit au Haut Commandement soviétique et signa la capitulation de ses troupes. C'était la première fois qu'un maréchal allemand capitulait et était fait prisonnier (il avait été promu maréchal par Hitler peu de temps avant). La bataille de Stalingrad venait de prendre fin. Les Russes prirent 60 000 véhicules, 1 500 chars et 6 000 canons. 94 500 allemands furent fait prisonniers (seulement 5 000 reviendront vivants), dont 2 500 officiers, 24 généraux et le maréchal Paulus lui-même. 140 000 Allemands furent tués, blessés ou gelés. Les Soviétiques avaient, quant à eux, perdu 200 000 hommes.

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