Les rescapés des Andes


















En octobre 1972, un avion de l’armée de l’air uruguayenne décolle de Montevideo pour Santiago du Chili. L’avion est affrété par les « Christians Brother’s », une équipe de rugby de Carrasco. Il s’agit pour ces adolescents de jouer un match amical et –accompagnés par quelques parents et amis – de passer un week-end sympathique sur les rives du Pacifique. Il y a quarante-cinq personnes à son bord… Le vendredi 13 octobre vers 15h30, l'appareil traverse une tempête et s'écrase.
Le Chili, l’Argentine et l’Uruguay mettent tous leurs moyens en commun pour retrouver l’avion.


Mais il y a sur les Andes des chutes de neige exceptionnelles et la carlingue est peinte en blanc... Bien peu de chances donc, qu’on ne retrouve jamais l’avion et encore moins de chances que l’un des quarante-cinq passagers ait pu survivre à l’accident...
On apprendra plus tard que quelques jours après le crash, une avalanche survenue en pleine nuit fera encore d’autres victimes... Le dixième jour après la catastrophe,les recherches sont abandonnées. Les rescapés apprennent la nouvelle grâce à une radio qui fonctionne encore. Il ne leur reste plus rien à manger…Leur seul moyen de survivre : se nourrir de chair humaine ; celle de leurs amis morts.


Dix semaines plus tard, un berger chilien qui surveille son troupeau dans une vallée située sur les contreforts des Andes, aperçoit la silhouette de deux hommes de l’autre côté d’un torrent. Ils gesticulent dans tous les sens, puis tombent à genoux, les bras grands ouverts. Le berger, les prenant pour des touristes – voire pour des terroristes – s’en va.

Le lendemain, il revient pourtant au même endroit et voit les silhouettes toujours là. Au bord de la rivière, le bruit de l’eau est tellement fort qu’il est impossible pour les trois hommes de s’entendre. Le berger jette alors par dessus le torrent un morceau de papier et un stylo enveloppés dans un mouchoir. Les deux hommes, barbus, en haillons, lui écrivent : « Nous venons d’un avion tombé dans la montagne. Il y a encore 14 compagnons en vie là haut… Où sommes-nous ? » Soixante-douze jours après l’accident, Fernando Parrado (20 ans) et Roberto Canessa (19 ans) viennent de parcourir 70 kilomètres dans la montagne, traversant les trois quarts de la cordillère des Andes à pieds et franchissant des sommets de plus de 4.000 mètres sans autre équipement que des chaussures de rugby…


Soixante douze jours cauchemardesques, où chacun a perdu une mère, une soeur, un ami... Au total, seize rescapés. Dans les rédactions du monde entier, on parle des « survivants du siècle », et peut-être parce que leur sauvetage a eu lieu deux jours avant Noël du « miracle des Andes ».

Quatre jours après leur sauvetage, dans une conférence de presse surchauffée, les survivants prennent les devants : «… le jour est arrivé où nous n’avions plus rien à manger, et nous nous sommes dit que si le Christ, pendant la Cène, avait offert son corps et son sang à ses apôtres, il nous montrait le chemin en nous indiquant que nous devions faire de même : prendre son corps et son sang, incarné dans nos amis morts dans l’accident... Et voilà, ça a été une communion intime pour chacun de nous… C’est ce qui nous a aidé à survivre… ». Un de nos plus grands tabous venait d’être transgressé. Et assumé publiquement. Le monde entier était bouleversé.


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