Jésus Christ

Jésus né avant J.-C. ?

De son enfance à son entrée dans la vie publique, on ne sait rien ou presque de Jésus de Nazareth, à commencer par la date même de sa naissance.

Notre calendrier a été établi par le moine Denys le Petit. Dans cette tâche, l'abbé semble avoir commis une erreur de calcul : l'an 0 de son calendrier coïncide en effet avec l'an 753 du calendrier romain, qui commence à la fondation de Rome. Or, selon les évangiles, Jésus serait né sous le règne d'Hérode le Grand, lui même mort quelques années avant 753, plutôt vers 750. Jésus serait donc lui aussi né avant 753 et donc avant l'an 0 du calendrier chrétien, plutôt vers -4, -5 ou -6 avant... lui-même. Le jour précis de sa naissance est tout aussi incertain puisqu'aucun écrit n'y fait référence. La date du 25 décembre n'a été arrêtée qu'en 354, par le Pape Libère, dans le but d'assimiler les fêtes païennes du solstice d'hiver, célébrées en cette période de l'année.

Une enfance méconnue
Les sources qui évoquent la vie de Jésus sont pratiquement muettes sur son enfance et son parcours avant son entrée dans la vie publique. Si l'on excepte l'anecdote de Luc, peu vraisemblable, d'un Jésus de 12 ans enseignant au Temple, on ne sait donc rien, ou presque, de sa vie avant ses trente ans. On pense qu'il serait né à Bethléem, puis aurait grandi à Nazareth, dans une famille modeste, avec une possible formation de maçon ou de charpentier, comme son père Joseph.



Un marginal
Jésus serait entré dans la vie publique vers l'âge de trente ans, au moment de la prédication de Jean-Baptiste. Pendant ses années de prêche, qui ont duré d'une à trois années, selon les évangiles, Jésus a certainement été une figure marginale au sein de la société juive de l'époque. Vivant de façon itinérante, il est entouré de disciples, plus ou moins proches, et subsiste grâce aux dons et à l'aumône qui lui sont faits sur son passage. Les récits évoquant cette période de sa vie l'apparentent tout aussi bien à un guérisseur et un sage qu'à un contestataire. Jésus apparaît avant tout comme un personnage ambivalent et énigmatique.


Jésus avait-il des frères ?

Evoqués à plusieurs reprises par les évangiles, les "frères de Jésus" ont longtemps été considérés comme des frères au sens symbolique et religieux du terme. Alors que le "Da Vinci Code" table sur une véritable fratrie, que disent les historiens ?

Marie, mère de famille nombreuse ?

"Celui-là n'est-il pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, Joseph, Jude et de Simon ?" se demandent des villageois dans les évangiles de Marc et Mathieu. Ces propos divisent la chrétienté sur le sens à donner au mot "frère". Pour l'Eglise catholique, il s'agirait uniquement de cousins ou de demi-frères nés d'un premier mariage de Joseph, ou encore de frères au sens figuré. Il est vrai que la confusion était courante à l'époque de Jésus, l'hébreu et l'araméen ne distinguant pas clairement les mots frère et cousin. Mais l'Eglise protestante, ainsi que de nombreux historiens et théologiens, penchent aujourd'hui pour une interprétation plus littérale : Jésus aurait bien eu des frères de sang. Pour preuve, les textes grecs utilisent le mot "adelphos", frère, et non "anepsios", cousin.


L'Affaire de l'ossuaire de Saint Jacques

En 2002, la découverte d'une relique censée contenir les ossements d'un frère de Jésus enflamme scientifiques et croyants. La boîte, datant du Ier siècle, porte en effet l'inscription araméenne : "Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus". L'objet serait donc la première preuve archéologique de l'existence de Jésus, et remettrait en cause la virginité mariale. Mais bientôt, l'enthousiasme laisse place à la polémique : une série d'enquêtes et de contre-enquêtes démontrent que l'inscription est falsifiée. Le précieux ossuaire est en fait une des pièces maîtresses d'un vaste réseau de trafic de fausses reliques.



Marie-Madeleine est généralement associée à un personnage sulfureux, celui d'une prostituée repentie très proche de Jésus. En réalité, elle ne se réduirait pas à cette figure.

Marie-Madeleine, figure féminine la plus sulfureuse des évangiles, semble résulter de l'amalgame de plusieurs femmes.

La première est Marie de Magdala, une riche galiléenne guérie par Jésus, suffisamment fortunée pour aider financièrement le groupe des apôtres. Rien à voir donc avec une prostituée. Marie de Magdala se tient aux pieds de la croix, à la mort du Christ, et appartient au groupe de femmes qui constatent, au surlendemain de la crucifixion, que le corps de Jésus a disparu du tombeau. Surtout, selon Jean, c'est à elle qu'apparaît en premier Jésus ressuscité le matin de Pâques. C'est également elle qui reçoit la mission d'annoncer la résurrection du Christ aux autres disciples, ce qui fait d'elle "l'Apôtre des Apôtres". La phrase prêtée à Jésus au moment de sa rencontre avec Marie-Madeleleine, "Ne me touche pas", ou "Ne me retiens pas", peut laisser supposer une relation privilégiée avec Jésus. Mais la dizaine de versets qui la concerne ne permet guère d'aller plus loin.



C'est de la confusion avec deux autres figures féminines des évangiles qu'est née la réputation sulfureuse de Marie-Madeleine. L'une d'entre elles est Marie de Béthanie, la sœur de Marthe et de Lazare, avide des paroles de Jésus, qui oint ses pieds de parfum et les essuie avec sa chevelure. L'autre est une prostituée, "la pécheresse anonyme", qui lave elle aussi les pieds de Jésus. A la fin du VIe siècle, le Pape Grégoire le Grand déclare que Marie de Magdala et ces deux femmes n'en forment qu'une : la fidèle disciple, l'amie et la prostituée sont ainsi réunies afin de promouvoir une figure charismatique de repentance, brandie en exemple à la gente féminine. Par la suite, la tradition chrétienne ne cessera de se réapproprier la figure de Marie-Madeleine pour l'adapter à ses besoins : elle devient patronne des ordres mendiants, icône guérisseuse des malades ou des femmes enceintes.
Les femmes dans les évangiles apocryphes

 L'Église a retenu le nombre de douze apôtres, symbolisant les douze tribus d'Israël. Mais Jésus a été entouré d'autres disciples et notamment de femmes : des mécènes mais aussi des épouses se coupant de leur famille pour suivre Jésus, transgressant ainsi les coutumes sociales. Dans les premiers temps de la chrétienté, ces figures féminines ont été mises en avant par des communautés chrétiennes minoritaires, afin, peut-être, de s'affirmer face à l'Eglise romaine. A partir du IIe siècle, apparaissent ainsi des évangiles dits apocryphes, "cachés", non reconnus par l'Eglise, comme celui de Marie-Madeleine, qui placent les femmes au premier plan. Dans l'évangile de Thomas, Marie-Madeleine fait ainsi partie des apôtres et embrasse Jésus sur la bouche. "La pécheresse repentie" devient très tôt une égérie des Eglises gnostiques, formant un couple sacré avec Jésus. Mais aucun évangile, même apocryphe, n'évoque de descendance de Jésus.
Ce que l'on sait sur la mort de Jésus
  
Jésus aurait été arrêté par les autorités juives, puis livré aux Romains et crucifié. Une issue qui intervient dans un climat de fortes tensions politiques et religieuses.


Jésus, blasphémateur ?

L'arrestation de Jésus se fait dans un contexte politique et religieux tendu. Du point de vue religieux d'abord, le judaïsme est alors tiraillé entre différents mouvements internes . Jésus qui se dit "fils de Dieu" remet en cause les lois du judaïsme devant un auditoire de plus en plus nombreux. En arrivant à Jérusalem, il chasse les marchands du Temple, dont il dénonce la corruption, et s'en prend au cœur du pouvoir religieux. Il peut donc apparaître comme un blasphémateur, une menace supplémentaire pour les autorités religieuses.
Jésus, fauteur de troubles ?

A cela s'ajoute une instabilité politique liée à la contestation de l'occupation romaine, accrue par des difficultés économiques en Palestine. Les Romains sont donc sur leurs gardes pendant la Pâque, à Jérusalem, alors qu'y affluent de nombreux pèlerins. Jésus, qui provoque des manifestations près du Temple, apparaît comme un élément perturbateur. La demande de condamnation, émanant des autorités religieuses juives, a trouvé écho auprès des Romains, seuls autorisés à rendre justice en Palestine. Le supplice de la crucifixion réservé à Jésus était une peine romaine, habituellement réservée aux esclaves et aux brigands, et non une pratique juive, qui pratiquait plutôt la lapidation.

Quand est-il mort ?

Les évangiles évoquent plusieurs personnalités officielles impliquées dans le procès de Jésus, telles qu'Hérode, Pilate ou encore Caïphe. Ils situent la mort de Jésus à un vendredi proche de la Pâque juive. Si l'on recoupe les données astronomiques et les dates d'exercice de ces personnalités, la mort de Jésus a certainement eu lieu en avril, de l'an 27, 30 ou 33.
Les reliques de Jésus

Depuis le Moyen Age, on ne cesse de chercher des reliques de Jésus, partie du corps ou objet lui ayant appartenu. Voici quelques "trésors" qui font encore courir fidèles et scientifiques.

Les reliques, aux pouvoirs surnaturels supposés, ont toujours engendré des offrandes généreuses et se sont donc multipliées dans les églises du Moyen Age. Avec "le Saint Graal", coupe censée avoir recueilli le sang de Jésus, le Saint Prépuce est l'une des rares reliques physiques de Jésus et certainement la plus disputée. Une quinzaine d'Églises, notamment en Italie, revendiquent sa possession et l'on dénombre autant d'histoires sur sa découverte et ses multiples déplacements.
Autre curiosité conservée en France, à l'Abbaye de Vendôme : la "Sainte larme", versée par Jésus sur la croix et enrobée dans une ampoule de cristal… Du côté des "reliques objet", les clous de la croix, les épines de la couronne, les morceaux de croix ou encore la lance qui perça le flanc du Christ, sont également revendiqués partout dans le monde.
Les mystères du Saint Suaire de Turin

De toutes les reliques, c'est celle-ci qui a été la plus étudiée. Le Suaire de Turin serait le linceul dans lequel Jésus aurait été enveloppé. Ce drap, découvert en 1357 en Champagne, a réchappé par deux fois à des incendies et est aujourd'hui conservé à Turin. Sur ce drap, se trouve l'image d'un homme entièrement nu, et des traces de sang qui rappellent les stigmates de Jésus. La silhouette est estompée et lui confère un aspect spectral étonnant. Mais le véritable mystère naît d'une série de photographies : sur les négatifs apparaissent des détails qui ne transparaissent pas sur les clichés. Des spécialistes supposent alors que l'image a été appliquée sur le linge par des faussaires très habiles, connaissant la photo, grâce à des pigments d'oxyde de fer. L'objet serait donc récent.
L'ADN de Jésus : un nouveau Graal ?

En 1978, le Pape autorise d'exceptionnels prélèvements scientifiques sur ce drap et les résultats confortent les fidèles dans leurs hypothèses : le suaire daterait bien du Ier siècle et proviendrait de Jérusalem. L'homme qui y a été enveloppé aurait été flagellé, crucifié et couronné d'épines. En 1988, l'Eglise commande de nouvelles enquêtes scientifiques et une datation au carbone 14. Conclusion : le lin du suaire est médiéval. Mais la polémique rebondit car de nouvelles études dénoncent une datation biaisée par la pollution des fibres du suaire dans lequel se serait glissé du pollen plus récent. Des relevés d'ADN s'avèrent aussi similaires à ceux trouvés sur une autre relique, la tunique d'Argenteuil, et confortent la thèse de l'authenticité. Commence alors un nouveau chapitre des aventuriers de la quête du Graal, celle de la recherche d'ADN, permettant le clonage de Jésus...

Comment sait-on que Jésus a existé?

L'ensemble des historiens reconnaît aujourd'hui l'existence de Jésus. Mais l'absence d'écrits de sa propre main et la rareté des sources directes, participent du mystère qui entoure toujours la vie de Jésus.

Les sources chrétiennes

L'Église reconnaît quatre évangiles : ceux de Marc, Mathieu, Luc et Jean, qui relatent la vie de Jésus, avec de grandes similitudes pour les trois premiers d'entre eux. Mais les manuscrits retrouvés datent, pour les plus anciens, du IIe siècle après J.-C. et ne sont pas des documents originaux rédigés par les évangélistes, mais des copies, authentifiées par les historiens.
A cela s'ajoutent les Actes des Apôtres et les nombreuses lettres échangées entre communautés chrétiennes. Ces documents sont les plus riches sur la vie de Jésus, mais, influencés par la foi chrétienne, ils ne peuvent être considérés comme des récits purement objectifs. Leurs nombreuses contradictions imposent, de plus, des recoupements systématiques. Une vingtaine d'évangiles supplémentaires, dit "apocryphes", ne sont pas reconnus par l'Église. Très fragmentés et mêlant croyances païennes et foi chrétienne, ils sont néanmoins considérés comme des documents complémentaires de recherche sur les premiers temps du christianisme.

Les écrivains romains
Aux côtés des sources chrétiennes, d'autres écrits mentionnent la personne de Jésus, d'une façon qui n'est pas toujours élogieuse, ce qui peut apparaître comme une autre preuve de son existence. Il est notamment cité par trois écrivains romains : Pline le Jeune, gouverneur romain vers 112 après J.-C., l'historien Tacite, qui aborde la mort de Jésus dans ses "Annales" écrites vers 115, et Suétone, autre historien qui évoque les Chrétiens dans "La vie des douze Césars".

Les sources juives

Flavius Josèphe, né en 37 à Jérusalem, historien d'origine juive à qui fut accordé la citoyenneté romaine, mentionne Jésus dans son récit de la vie de son frère : Jacques.
Le Talmud (recueil des traditions orales du judaïsme rédigé au IVe siècle) évoque également l'existence de Jésus.

Les sources archéologiques

Les fouilles permettent d'en savoir plus sur les endroits et le contexte dans lesquels Jésus a pu évoluer ou sur les coutumes de l'époque. Mais à ce jour, aucun document d'époque mentionnant directement Jésus (inscription funéraire, parchemin, sculpture...) n'a été retrouvé. Il n'existe donc aucune "preuve archéologique" de son existence.

Jésus de Nazareth (Franco Zeffirelli, 1977)

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Deuxième partie
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