Sagawa le cannibale

Issei Sagawa est né le 11 juin 1949. Japonais, étudiant en littérature comparée, d'une constitution frêle (1,52 m et 35 kg en 1981), probablement due à une encéphalite japonaise contractée dans son enfance. Il s'est rendu célèbre en France et dans le monde sous le nom de "Japonais cannibale".

À Paris, il tue à la carabine (22 long rifle) une néerlandaise alors âgée de 24 ans, Renée Hartevelt, en juin 1981, prélève de son corps plus de sept kilogrammes de chair, puis commet un acte de cannibalisme. Il consomme sa chair trois jours, en la conservant dans un réfrigérateur avant de se débarrasser de sa dépouille, cachée dans deux valises, dans le bois de Boulogne, où il sera découvert par un couple devant lequel une des valises se renverse car Issei Sagawa avait perdu le contrôle du chariot avec lequel il transportait son chargement dans une descente. Il prit 39 photographies au fur et à mesure qu'il prélevait les chairs de sa victime et les consommait, ainsi qu'un enregistrement audio sur lequel on peut entendre la jeune fille réciter des vers en allemand sur la mort, puis le coup de feu étouffé par le silencieux de la carabine suivi par le son de la chute de son corps sur le sol.

Arrêté trois jours après son crime, avant même que sa victime ait été identifiée, il déclare aux policiers de la brigade criminelle de Paris « si j'avais eu un congélateur, vous ne m'auriez pas retrouvé… » et revendique son acte, qu'il considère comme un acte artistique. Placé en détention préventive, il est soumis un an durant à une expertise psychiatrique contradictoire, menée par trois experts indépendants, qui concluent à son irresponsabilité pénale, mais recommandent son internement, en raison de son extrême dangerosité. Le juge d'instruction, Jean-Louis Bruguière, se range à l'avis des experts : il prononce un non-lieu au titre de l'article 64 du code de procédure pénale. Sagawa est interné un an à l'Unité pour malades difficiles de Villejuif, d'être transféré au Japon, où un nouveau collège d'experts le déclare responsable de ses actes ; mais le non-lieu prononcé en France a un caractère définitif et interdit aux autorités japonaises de le juger. Sagawa bénéficie donc d'une situation de vide juridique et est libéré le 13 août 1985.

Photos de la victime (attention images choquantes!)

Il vit toujours à Yokohama, sous surveillance policière et n'a jamais récidivé. Il est, un temps, devenu une célébrité au Japon où les journaux le surnommaient « l'étudiant français ». Il a écrit plusieurs livres, tous centrés autour de son crime ; il est apparu dans des publicités pour des chaînes de restaurants de viande et a joué dans quelques films érotiques. Juro Kara a écrit à son sujet un livre, dont le point de départ était la correspondance échangée par l'auteur avec Sagawa lors de sa brève incarcération en France : La lettre de Sagawa publié en français en 1983 aux éditions Robert Laffont et récompensé par un prix littéraire nippon équivalent au Goncourt français.

Il découpa les restes du cadavre et tenta de s'en débarrasser dans le lac du bois de Boulogne. A la suite de quoi, il fut rapidement arrêté, puis incarcéré à la prison de la Santé où son père, un riche industriel, lui apporta Crimes et Châtiments de Dostoïevski. Suivant l'avis de trois experts psychiatres, le juge Bruguière prononça le 30 mars 1983 une ordonnance de non-lieu. Le cas Sagawa ne relevant pas, pour les Français, de la justice, mais de la psychiatrie.

Au Japon, en revanche, où il retourna en toute légalité, les psychiatres le trouvèrent "normal", et il fut rapidement relaché, notamment grâce aux relations de sa famille. "Quant à ses compatriotes, écrit Patrick Duval, ils l'accueillent comme une sorte de champion de l'horreur, un phénomène digne du livre des records". Auréolé de cette gloire inattendue, Sagawa a commenté pour la presse les faits divers les plus macabres, a tourné dans des films porno, a fait de la publicité pour des restaurants de viande, a peint et écrit des livres aux titres évocateurs : "J'aimerais être mangé", "Excusez-moi d'être en vie" ou "Ceux que j'ai envie de tuer".

Il déclara récemment à la télévision allemande: "L'esprit japonais est très différent du reste du monde. Les Japonais oublient au fur et à mesure que la société change. Les Européens, eux, n'oublient jamais. Alors qu'au Japon, je suis devenu un clown, ici en Europe, je reste un cannibale. D'un côté, dit-il encore, je regrette d'avoir tué Renée, mais de l'autre, j'avais raison: c'était vraiment bon."


Reportage Issei Sagawa

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