Nevado del Ruiz

Après quelques mois de repos, l'activité volcanique reprend le 11 septembre 1985 sur le Nevado del Ruiz. Accompagnées par l'émission d'un panache de vapeur d'eau, des explosions projettent des blocs jusqu'à une distance de deux kilomètres du cratère sommital et une pluie de cendre s'abat jusqu'à trente kilomètres du volcan. Toutefois, ces phénomènes n'inquiètent pas outre mesure certains scientifiques qui ne jugent pas la population d'Armero en danger, la ville étant située à quarante kilomètres du volcan. Une carte des risques sera néanmoins diffusée début novembre mais à faible échelle.
Formation et progression du lahar
Le 13 novembre 1985 à 15 heures, l'activité du Nevado del Ruiz augmente brusquement lorsqu'une première explosion se produit sur le volcan. Le directeur de la protection civile du département tente alors de réunir des responsables mais sans grand succès. Un premier message d'évacuation est transmis par radio dans la soirée mais beaucoup d'habitants sont à ce moment devant leur télévision pour suivre un match de football.
De 21h08 à 21h30, une plus grande explosion provoque la fonte rapide de 6 à 18% de la calotte glaciaire qui recouvre le sommet du volcan sous la chaleur dégagée par la lave. Cette eau de fonte dévale les pentes et forme très vite des lahars en emportant avec elle de grandes quantités de terre, de cendres volcaniques déposées depuis trois semaines et de débris végétaux. Ignorant la formation de ce lahar et malgré les cendres volcaniques qui tombent sur la ville, les habitants sont rassurés par les propos d'un prêtre et d'un professeur basés sur des informations erronées provenant de Bogotá. Le maire reste néanmoins inquiet, tente de joindre le comité de sécurité et ordonne vers 23 heures l'évacuation des habitations situées le long de la rivière après avoir reçu un appel lui confirmant le danger de l'éruption.

Poursuite et fin de l'éruption
Après la crise éruptive du 13 novembre 1985, l'activité du Nevado del Ruiz est essentiellement constituée par l'émission d'un panache volcanique constitué principalement de vapeur d'eau et de gaz sulfureux entrecoupé d'épisodes explosifs qui éjectent des cendres volcaniques. L'éruption se termine le 13 juillet 1991, soit près de six ans d'activité.
Omayra Sánchez
La constatation des dégâts et le sauvetage des rescapés commence dès le lendemain. La victime la plus célèbre de cette catastrophe est Omayra Sánchez. La fillette se retrouva coincée, les jambes bloquées par un enchevêtrement de poutrelles et de briques ; seule la tête émergeait d'un torrent de boue. Son agonie dura près de deux jours et fut filmée par un caméraman de la télévision espagnole TVE alors sur place pour réaliser des images du drame et diffusée quelques heures plus tard sur les chaînes de télévision du monde entier. Le photographe Frank Fournier prend des photos du drame. Il sera récompense pour ces clichés du prix World Press Photo en 1986.
Cette histoire tragique avait créé un malaise dans les médias, soulevé beaucoup de questions sur leur rôle et sur la frontière entre information et voyeurisme. La focalisation sur la mort de la fillette avait aussi occulté une partie de l'ampleur de la catastrophe qui avait fait plus de 27 000 morts et des centaines de milliers de sans-abris. Huit mille autres enfants ont péri dans la catastrophe.