Le siège de Waco

Le siège de Waco est une tragédie qui s'est déroulée du 28 février au 19 avril 1993 dans la résidence du groupe religieux des « Davidiens » près de la ville de Waco dans le Texas aux États-Unis. 82 personnes dont 21 enfants et le leader du groupe, David Koresh, périrent, principalement dans l'incendie qui mit un terme aux 51 jours de siège par les forces de police. L'affaire est considérée comme un des événements les plus catastrophiques de l'histoire américaine moderne, l'action la plus meurtrière du gouvernement américain contre ses propres citoyens depuis la guerre de Sécession. Les controverses soulevées par la gestion du conflit se poursuivent à ce jour.



Les Branch Davidians

Les Davidiens (Branch Davidians) est le nom donné à un groupe religieux issu de l'Église adventiste du septième jour et fondé au début des années 1930 en Californie. Le groupe, de plus d'une centaine de membres, s'établit plus tard dans une propriété baptisée « Mont Carmel » près de Waco dans le Texas, lieu de l'événement en question. Leur leader, depuis les années 1980, avait pour nom Vernon Howell et se faisait appeler David Koresh.





Origine de la tragédie

En 1992, les ATF (Alcohol, Tobacco and Firearms : Bureau des alcools, tabacs et armes à feu, dépendant du ministère de la Justice des États-Unis) reçurent des plaintes concernant des tirs d'essai d'armes automatiques à la résidence des Davidiens. L'enquête révéla que le groupe possédait environ 150 armes. Les Davidiens affirmaient qu'elles étaient toutes détenues légalement, comme la loi américaine l'autorise, mais les ATF prétendaient que certaines avaient été converties d'armes semi-automatiques en armes automatiques.

Les ATF, après quelques mois de surveillance, obtinrent un mandat de perquisition et d'arrêt pour le leader David Koresh ainsi que quelques-uns de ses adeptes à cause des armes illégales que le groupe aurait possédé.




Le premier assaut


Le dimanche matin du 28 février 1993, à 9h45, un important groupe des ATF (environ 76 agents et 80 véhicules) se positionne autour de la résidence du Mont Carmel. David Koresh se serait alors présenté à la porte avec son beau-père, sans arme, en s'écriant : « Discutons, il y a des femmes et des enfants ici ! ». Pour une raison non élucidée, les agents des ATF ont alors tiré, blessant Koresh à deux endroits et blessant mortellement son beau-père, Perry Jones, qui succombera quelques instants plus tard. Les ATF ont prétendu qu'ils avaient tiré parce qu'ils avaient entendu des tirs venant de la résidence. Les Davidiens déclarèrent que les ATF avaient tiré sans raison alors que leur leader s'était présenté à la porte pour discuter.

Quelques minutes après cette prise de contact catastrophique, à 9 h 48, un Davidien, Wayne Martin, a appelé le 911, implorant les autorités de faire cesser les tirs contre eux (des bandes audio officielles confirment cet appel).

Un groupe de 8 agents des ATF fut alors envoyé pour pénétrer les lieux par les toits, soutenus par un hélicoptère qui aurait accompagné leur assaut par des tirs depuis le ciel. Cette seconde phase de l'assaut a coûté la vie à Steve Willis, Robert Williams, Todd McKeehan et Conway LeBleu, quatre agents des ATF. Winston Blake, Peter Gent, Peter Hipsman et Jaydean Wendel, des Davidiens, furent tués dans cette même phase.



Là encore, les versions diffèrent. Les agents des ATF affirment que leurs agents furent tués par les Davidiens, une fois à l'intérieur, alors que les Davidiens prétendirent eux que les supposés tirs de l'hélicopère avaient tué les agents ainsi que les leurs. Un autre Davidien, Michael Schroeder, qui était à l'extérieur de la résidence et qui tenta de rejoindre son groupe, fut abattu par les ATF à 16h55. A nouveau, les versions diffèrent, les forces de l'ordre prétendant qu'il avait tenté de pénétrer les lieux en tirant sur la centaine d'agents ATF présents, et les Davidiens prétendant, eux, que l'homme avait été abattu froidement, comme une vengeance des ATF contre leur groupe. Sa femme déclara ensuite qu'il revenait simplement de son travail et avait été tué sans sommation, son corps abandonné pendant trois jours sur le terrain découvert entre la résidence et les véhicules des ATF.

A 19h30 de ce même jour, David Koresh est interviewé par CNN.

Le FBI, qui reprendra alors les opérations en main, après le fiasco des ATF, demandera aux journalistes de ne plus faire d'interviews.

Le siège

Durant les 51 jours de siège qui suivirent, les Davidiens demeurèrent retranchés à l'intérieur de la résidence, à l'exception de quelques-uns d'entre eux qui sortirent et se rendirent aux autorités. 25 négociateurs du FBI restèrent en contact avec Koresh par téléphone. L'équipe était dirigée par Richard Rogers, un agent qui avait pourtant été sévèrement critiqué pour son attitude à l'assaut de Ruby Ridge. David Koresh argumentait son repli par le fait qu'il serait abattu s'il sortait et qu'il devait terminer son travail en cours, le commentaire d'un texte biblique, les sept sceaux de l'apocalypse. Le dialogue surréaliste entre Koresh et les négociateurs (qui n'étaient pas formés pour comprendre le langage utilisé par le leader), conduisit à de nombreuses méprises et irritations. Les agents n'étaient pas plus préparés à la détermination des membres du groupe à ne pas céder.

Koresh prétendait avoir demandé à ceux qui voulaient sortir de quitter la résidence (ce que certains ont fait) et que ceux qui étaient restés l'avaient fait de leur plein gré.

Les négociateurs ont accepté au début l'idée que Koresh termine son commentaire écrit, mais les négociations ont dégénéré ensuite. Le siège a rapidement provoqué la frustration des deux côtés.

Dans un premier temps, Koresh fut autorisé à diffuser un message à la radio, afin de l'inciter à une reddition pacifique. Mais après le message, Koresh déclara que « Dieu lui avait demandé de rester, et d'attendre ». Cependant, dans le même temps, les négociateurs parvinrent à faire sortir 19 enfants de moins de 12 ans, sans leurs parents.

Le neuvième jour, les Davidiens produisirent une bande vidéo qui tentait de démontrer que personne n'était retenu en otage à l'intérieur du bâtiment. La bande montrait les 21 enfants qui étaient encore dans la résidence. Mais la vidéo ne fut montrée au public que beaucoup plus tard après la fin du siège, les agents jugeant qu'elle « attirerait la sympathie du public » si elle était montrée à ce stade de l'assaut. Les agents du FBI, dont certains étaient partagés sur la méthode à employer, décidèrent de harceler les occupants de la résidence, jour et nuit, par de fausses charges de char d'assaut, par des sons stridents et des lumières permanentes qui devaient empêcher tout le monde de fermer l'oeil à l'intérieur du bâtiment. Plus tard dans le déroulement de l'événement, l'électricité et l'eau furent également coupés.



A ce stade, Koresh demanda à 11 membres du groupe de quitter le bâtiment.

Plusieurs universitaires, spécialisés dans les questions religieuses et bibliques, tentèrent d'alerter les forces de l'ordre en leur indiquant que leur assaut ne pourrait que conforter Koresh et ses disciples dans leur vision apocalyptique et faire d'eux des martyrs. Cette erreur tactique semble avoir été une cause centrale de la dérive de l'assaut.

Après 51 jours, le FBI prétendit alors qu'il avait l'assurance que le groupe allait commettre un suicide collectif. Le procureur général, Janet Reno, approuva alors l'idée d'un assaut final. Des gaz lacrymogènes furent alors insufflés dans le bâtiment par des chars qui percèrent des trous directement dans les murs (effondrant quelques façades fragiles au passage). L'utilisation de ces gaz a été critiquée par la suite, puisqu'elle condamnait les jeunes enfants à une mort immédiate, alors que les adultes pouvaient les supporter pendant quelques minutes. Personne ne sortit, les occupants ayant trouvé un lieu de repli dans la résidence (dans un bunker/garde manger où les corps furent retrouvés ensuite).

A 12h07, les premières flammes visibles apparurent sur le bâtiment. A 12h55 le brasier avait consumé la totalité du bâtiment.

Le FBI défend la thèse que les Davidiens se sont suicidés en versant de l'essence dans le bâtiment. Les quelques Davidiens survivants et d'autres témoins disent que ce sont les gaz qui ont mis le feu à l'intérieur, simplement parce que les occupants n'ayant plus d'électricité, les lampes à pétroles auraient été renversées par les chars et auraient mis le feu au bâtiment alors que tous les membres étaient regroupés dans la chambre froide au centre de la résidence. D'autres témoins parlent de missiles incendiaires envoyés sur le bâtiment. Cette thèse a fait couler beaucoup d'encre, d'autant plus qu'il fut prouvé que de telles armes avaient effectivement été utilisées, sans démontrer cependant qu'elles avaient bien déclenché le feu.

A 15h45, la mort de David Koresh est confirmée (certaines photos montrent un impact de balle dans le crâne).




Le bilan

86 morts, incluant les agents des ATF, 20 blessés, 9 Davidiens survivants condamnés pour possession illégale d'armes. Plusieurs des Davidiens innocentés et les familles des morts ont porté plainte contre le gouvernement des États-Unis et autres organes officiels. Ils furent déboutés. Les ATF ont cependant été sévèrement critiqués à la suite de l'assaut, à la fois sur le contenu du mandat de perquisition et d'arrêt (le 13 juillet 1995, le Treasury department a fait connaître la liste des armes détenues par les Davidiens, aucune n'était une arme automatique, l'accusation à l'origine de l'assaut) et sur les méthodes (en particulier l'utilisation d'hélicoptères qui, selon la législation américaine, ne peuvent être utilisés qu'en cas de guerre ou de trafic de drogue, ce qui n'était pas le cas de cette affaire, ainsi que plusieurs mensonges sur les types d'armes utilisés pendant l'assaut qui ont conduit à des condamnations parmi les forces de l'ordre).

Le fait que le FBI ait fait raser les restes du bâtiment le 12 mai 1993, soit moins d'un mois après l'assaut final, a été également critiqué comme un acte qui pourrait être considéré comme suspect de la part des autorités avant qu'une enquête puisse être conduite sur les lieux.

La question « qui a tiré en premier ? » reste ouverte depuis des années, puisqu'aucune des enquêtes, contradictoires selon ceux qui les menaient, n'ont pu déterminer précisément ce qui s'est passé ce jour-là, d'autant plus que les médias avaient été tenus à distance.

Malgré les controverses qui n'ont pas cessé jusqu'à ce jour, il semble clair qu'au moins un certain nombre des davidiens ont répondu aux tirs des ATF et se seraient défendus contre le FBI lors de l'assaut final. Il semble également que les multiples erreurs tactiques, psychologiques et la pression que subissaient les forces de l'ordre aient joué une large part dans la fin tragique de ce qui devait être une simple perquisition au départ.

L'autopsie des corps retrouvés dans la résidence a ouvert un nouveau débat, car elle démontra que plusieurs enfants étaient bien morts à cause des gaz lacrymogènes, plusieurs adultes étaient morts de balles dans la tête, et d'autres avaient eu le crâne fracassé. Qui avait commis ces crimes ? Une escouade de forces d'intervention est entrée dans le bâtiment pendant l'incendie et en est ressorti ensuite. Des images de cet assaut non officiel montrent que des échanges de tirs auraient eu lieu à ce moment-là. Certains Davidiens soutiennent que ce groupe avait été envoyé pour abattre Koresh et ses proches collaborateurs.

Un sondage du magazine Time d'août 1999 indiquait que 61% des américains étaient persuadés que les forces de l'ordre avaient déclenché l'incendie à la résidence et non les Davidiens comme le dit la version officielle.

Timothy McVeigh aurait été inspiré par l'événement de Waco pour l'attentat d'Oklahoma City dont il était l'auteur.

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