L'ouragan Katrina

 





















Le 29 août 2005,  l’ouragan Katrina causa des dégâts considérables le long du littoral, frappant la Louisiane avec des vents qui soufflent jusqu’à 224 km/heure avant de balayer le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride. L’ouragan Katrina est un des ouragans les plus puissants à avoir frappé les États-Unis et surtout l’un des plus étendus (rayon de plus de 650 km dont 190 de vents de force cyclonique et 340 de tempête tropicale). Son œil est large de 40 kilomètres et ses vents ont pu atteindre 280 km/h. L’évacuation de La Nouvelle-Orléans a été tentée en raison des risques de submersion d’une partie de la ville, bâtie sous le niveau de la mer. Au large, des vagues de 11 mètres ont pu être observées. Le 28 au soir, Katrina avait déjà fait 9 morts. Après le passage de l’ouragan, on trouva plusieurs États des États-Unis sous les eaux. Katrina a ainsi plongé la Louisiane et La Nouvelle-Orléans dans la désolation. Cet ouragan a fait officiellement 1 836 morts.

Prévisions du 28 août pour les trois jours suivants

Genèse de Katrina
La dépression tropicale à l’origine de Katrina a été détectée le 23 août sur les Bahamas. Il y a une controverse pour le nommer 10 ou 12e de l’année, mais ce système fut ensuite nommé 4e tempête tropicale de l’année le 25 août et toucha brièvement le sud de la Floride ce même jour, au statut de tempête d’échelle 1.

La tempête passa la Floride et se régénéra dans les eaux du Golfe du Mexique le 26 août et la dépression se creusa à 971 millibars, ce qui la fit passer en catégorie 2 de l’Échelle de Saffir-Simpson. À 9 heures GMT, Katrina passa à l’échelon 3 avec des pressions de 945 mb. À l’approche des terres, elle a légèrement faibli pour revenir à l’échelon 4 (mais les dégâts d’un cyclone sont aussi liés à la vitesse de déplacement de l’œil).

Le 31 août, Katrina devenu une tempête extratropicale a déversé des quantités d’eau de l’ordre de 50 à 110 mm sur le Québec en 12 heures ainsi que plusieurs rafales de vent allant de 50 à 98 km/h. Dans la région du Saguenay et de la Côte-Nord plusieurs routes ont été emportées par les eaux, certains tronçons de la route 138 ont été emportés coupant la Côte-Nord du reste du Québec ce qui a grandement compliqué l’approvisionnement en nourriture et en essence.

Menace sur La Nouvelle-Orléans

Certains secteurs de La Nouvelle-Orléans sont jusqu’à 6 mètres sous le niveau de la mer, zones dans lesquelles les eaux de pluie sont pompées puis rejetées à la mer. Des digues de 4 mètres de haut protègent la ville, mais la hausse possible du niveau de la mer due à Katrina pourrait atteindre 6 mètres. Et si l’ouragan passait comme prévu à l’est, les eaux du Lac Pontchartrain pourraient également envahir la ville.

Devant ces risques de submersion et d’inondations graves, le maire Ray Nagin a ordonné l’évacuation de la ville et établi des refuges de dernier ressort pour les personnes qui ne pourraient évacuer la ville, dont la salle de sport du Louisiana Superdome, déjà utilisée en 1998 lors de l’ouragan Georges. Le président George W. Bush a déclaré l’état d'urgence en Louisiane, deux jours avant l’arrivée de l’ouragan sur les côtes.

Dimanche 28 août, La National Oceanic and Atmospheric Administration a prédit des dommages catastrophiques sur la ville, pouvant aller jusqu’à la destruction partielle ou totale de la moitié des habitations et des dégâts importants, qui pourraient rendre la ville inhabitable pour plusieurs semaines, notamment si des déchets des raffineries de pétrole proches venaient polluer la ville.

L’arrivée


Durant les premières heures du matin du 29 août (lundi), l’onde de tempête de Katrina a enveloppé les parties les plus au sud du delta, inondant des dizaines de petits ports de pêche. Alors que l’ouragan remontait vers le nord, ses vents d’est, soufflant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, ont poussé l’onde de tempête sur le flanc est de la Nouvelle-Orléans, une zone presque ouverte sur le golfe du Mexique. En plus des digues, seul un grand lac ressemblant à un lagon, quelques marais en voie de disparition, et une mince barrière d’îles victimes de l’érosion, se dressaient entre la mer et les quartiers de ville. Cette zone avait également un autre point faible important : deux canaux.

Le Mississippi River-Gulf Outlet et le Gulf Intracoastal Waterway ont servi de conduits permettant à l’eau de passer les digues extérieures et de parvenir au cœur de la ville. Ces deux canaux se rejoignent et se jettent dans Industrial Canal, une troisième voie navigable qui traverse la ville, pour relier le Mississippi au lac Pontchartrain - ce dernier étant aussi, malheureusement, relié au golfe. Ce canal a vite reçu les eaux de crue des deux autres canaux et du lac.
Vers 4h30 du matin, des témoins rapportent avoir vu de l’eau dans les quartiers situés des deux côtés de l’Industrial Canal, pénétrant par des fissures et des brèches dans les murs. Un peu après, l’eau de crue a commencé à passer par-dessus la digue la plus à l’extérieur, protégeant la paroisse de St. Bernard, la basse banlieue immédiatement au sud-est de la Nouvelle-Orléans. L’eau a érodé les murs de terres et a commencé à en emporter de grandes portions.

A 6h10, l’œil de l’ouragan Katrina est arrivé à Buras, à environ 80 kilomètres au sud-est de la Nouvelle-Orléans. Heureusement pour la ville, la tempête avait rencontré une zone plus froide sur le golfe et était redescendue en catégorie 3 avec des vents maximaux à moins de 209 km/h. Par contre, son onde était encore celle d’une tempête plus puissante et les digues ont continué à céder. Dans un premier temps, les murs protégeant l’est de la Nouvelle-Orléans, une banlieue au nord de St-Bernard, ont été submergés, et beaucoup se sont effondrés.

L’eau a commencé à inonder d’immenses zones. Puis les flots sont passés également par-dessus les murs d’Industrial Canal et y ont ouvert des brèches en de nombreux endroits. A environ 7h45, une brèche a laissé passer une immense vague dans le Lower 9th Ward, un bas quartier pauvre à l’est, et dans des zones à l’ouest du canal.
Dans des dizaines de quartiers, les gens ont vu soudainement l’eau couler à flot dans les rues, puis monter jusqu’au bas de leurs maisons, parfois en quelques minutes. Pour la majorité d’entre eux, il était trop tard pour fuir et il n’y avait plus de voie de sortie. Piégées par surprise, des centaines de personnes se sont noyées. Des milliers d’autres se sont précipitées dans les greniers pour se réfugier sur les toits battus par la pluie et le vent. Vers le milieu de la matinée, presque la moitié de la Nouvelle-Orléans, plus l’ensemble des paroisses de St. Bernard et de Plaquemines, au sud, étaient inondés.

Une bonne partie de la partie centrale de la ville était encore émergée et il semblait que le pire était passé. Cependant, plus tôt ce matin-là, les murs de béton et d’acier des canaux 17th Street et London avenue, deux canaux de drainage ouverts sur le lac Pontchartrain, avaient soudainement été rompus en trois endroits. L’eau est montée plus lentement dans une zone plus étendue, envahissant cette fois des quartiers plus riches près des bords du lac. L’intégrité structurale d’une digue ou d’un mur de protection ne peut pas être garantie une fois que l’eau commence à passer par-dessus, mais dans ce cas-là, l’eau n’a jamais atteint le sommet ; les murs se sont effondrés avant. Les flots s’engouffrant par les brèches des canaux de drainages se sont déversés graduellement toute la journée et une partie de la nuit, progressant toujours plus loin vers le sud dans le centre-ville, gagnant rue après rue. Le matin suivant, l’eau avait rempli la majeure partie de la cuvette centrale de la ville, s’arrêtant seulement à environ 1,5 kilomètres du fleuve, la partie la plus haute de la ville. Environ 80% de la ville a été inondé. Dans certains endroits, l’eau n’arrivait que jusqu’aux genoux ; dans d’autres, elle atteignait plus de six mètres de profondeur, bien au-dessus des chevrons des maisons.
L’œil de Katrina est passé à environ 15 km à l’est de la Nouvelle-Orléans, puis s’est à nouveau dirigé vers le golfe, sa puissance à peine diminuée. L’ouragan a frappé pour la troisième et dernière fois près de Bay St. Louis, Mississippi, à proximité de la frontière avec la Louisiane. A l’est, l’onde de tempête provoquée par le puissant quart nord-ouest de Katrina est montée plus haut qu’à la Nouvelle-Orléans, contre les côtes plus dures et plus élevées, atteignant jusqu’à huit mètres. La tempête a dévasté la côte du Mississippi, balayant des milliers de maisons, d’immeubles, de voitures et de commerces en l’espace de quelques minutes. 90% des structures du bord de mer de la région du port de Biloxi ont été détruites.

Les casinos flottants ont été emportés sur des centaines de mètres. L’onde de tempête a pénétré jusqu’à 10 kilomètres à l’intérieur des terres, deux fois plus loin le long des rivières et autres passages. L’Alabama et le nord-ouest de la Floride ont également subi des dégâts importants causés par le vent, les inondations et les tornades, et 238 personnes y ont trouvé la mort.

L’ouragan a également frappé les installations pétrolières en mer et les raffineries côtières. Avant l’arrivée du cyclone, l’industrie avait évacué les travailleurs de 615 plates-formes (15% des 4000 présentes au total dans le golfe), et les ports extra-côtiers ont également été fermés. En Louisiane, la raffinerie Valero à St-Charles a été inondée par un mètre d’eau et a dû cesser ses activités pendant deux semaines. Lorsque les prix du pétrole ont atteint 70 dollars le baril, vers le milieu de la semaine - entraînant une hausse des prix de l’essence - le président Bush a annoncé qu’il prêterait du carburant de la Réserve stratégique de pétrole pour calmer les marchés.

Bilan

Comme pour toute catastrophe d’envergure, le bilan des victimes est donné à titre indicatif, les chiffres étant des estimations globales certainement inexactes. On a établi une distinction entre les États-Unis, pays directement touché par la catastrophe, et les pays ayant perdu des ressortissants présents dans ce pays juste au moment du drame.

Bilan du jeudi 22 septembre 2005.

    * Au moins 141 500 sinistrés restent hébergés dans des centres et foyers d’accueil mis en place dans au moins 18 États et à Washington.
    * Plus d’un million de louisianais pourraient avoir été déplacés par la catastrophe.
    * Plus de 200 050 foyers pourraient être relogés par les pouvoirs publics durant près de cinq ans.



Conséquences économiques

L’ouragan Katrina a déjà eu un impact économique significatif mais on en prévoit d’autres sur la durée. La plupart des experts s’accordent à penser que Katrina sera la plus coûteuse catastrophe naturelle de l’histoire des États-Unis. Le 15 février 2006, face aux critiques et aux manifestations, l’administration Bush a annoncé qu’elle demanderait au congrès une rallonge de 4,2 milliards de dollars pour indemniser les victimes des cyclones Katrina et Rita. Cette somme devrait donc s’ajouter aux 7,7 milliards déjà accordés en 2005.

Origines ethniques des victimes et conséquences sociales

Les statistiques officielles ont montré que si la majorité des victimes étaient noires, la communauté blanche a plus souffert proportionnellement que la communauté afro-américaine.

Selon le journal L’Express, qui cite l’agence Reuters, à Biloxi, « haut lieu des jeux d’argent », qui a pendant près de dix ans fait figure de véritable Mecque pour les déshérités du Mississipi venus chercher un travail dans l’hôtellerie ou les casinos.

« Beaucoup n’ont pas eu les moyens de s’enfuir », explique Alan LeBreton, un concierge de 41 ans qui vivait sur le front de mer. « C’est un crime et les gens ne l’acceptent pas. »

Les habitants les plus aisés, anticipant les consignes officielles, ont pour la plupart gagné le nord du Mississippi et les États voisins d’Alabama et de Géorgie, s’entassant dans les motels et vidant les stations-services et les supérettes de leurs dernières réserves.



Mais leurs concitoyens les plus pauvres ne possèdent pas de voiture ou ne peuvent s’offrir une nuit d’hôtel. « On ne pouvait pas faire ça, c’était impossible », dit Willie Rhetta, chauffeur de bus contraint de rester à Biloxi en attendant Katrina.

Le photographe américain Stanley Greene, explique : « Comme par hasard, dans les quartiers blancs, les supermarchés ont été ouverts aux gens, par solidarité. Dans les quartiers noirs, on a mis des gardes pour les empêcher de rentrer ! (…) Le but n’est pas de faire revenir les gens, mais de faire de La Nouvelle-Orléans une ville blanche et lucrative. (…) Des investisseurs recherchent partout les propriétaires des maisons détruites. Qu’ils rachètent pour 10 000 dollars. Katrina est la plus grande opération de spoliation de tous les temps. »



Persuadés d’avoir été laissés en première ligne face à une catastrophe qualifiée d’« historique » par George Bush, nombre d’habitants manifestent désormais leur colère - une tension qui pourrait expliquer en partie le pillage des quartiers huppés.














Le Mississippi, berceau du blues et de la ségrégation, était en 2004 le deuxième État le plus pauvre des États-Unis. 21,6 % de ses habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et les divisions ethniques recoupent souvent les clivages sociaux. D’ailleurs, pour beaucoup de victimes de Katrina, l’origine des difficultés logistiques autour de cette catastrophe est étroitement liée à la discrimination raciale.


Le révérend Jesse Jackson, défenseur de la cause noire aux États-Unis rappelle que plus de 120 000 personnes touchent moins de 8 000 USD par an, majoritairement des populations noires, n’ont pas d’accès à des véhicules privés, et une partie est trop âgée ou malade pour pouvoir fuir. Et dit que le budget utilisé pour la guerre en Irak aurait été plus utile à aider à construire des protections à la Nouvelle-Orléans.

Posted by OMEGA-PROJECT |